mercredi 26 février 2014

Disparition de Charles Ateba Eyene : une profonde perte pour le combat de restauration des valeurs

La liberté ne se donne pas, elle s’arrache. c’est sans doute ce qu’avait compris Charles Ateba Eyene, si présent dans les chaines télé et les ondes radios, dans son combat politique, avec une orientation affirmée sur l’éthique et la défense des valeurs. j’ai toujours aimé ses interventions… sa voix suffisait à me faire arrêter de “"zapper”  les chaînes. il faut le dire, l’homme était éloquent et surtout soutenait convenablement et logiquement ses dires, par des argumentations bien montées, faits et chiffres à l’appui, c’est la raison pour laquelle il se réclamait de la science qu’il aimait tant, au point de pondre une vingtaine d’ouvrages et d’adonner le plus clair de son temps à la lecture des livres, sans doute pour mieux entrainer son esprit à la manière des sportifs à ce difficile exercice intellectuel qu’est la défense des valeurs, dans un Cameroun pris en otage par la corruption, la dépravation des mœurs, et les réseaux sectaires… c’était d’ailleurs le dernier thème qui l’intéressait vraiment avec son dernier livre qui portait là dessus, et pour lequel il s’était fait beaucoup d’ennemis.

Je dois avouer que j’ai été bien choqué par sa disparition. certains se demandaient pourquoi il militait dans le RDPC, un parti qui portait en lui la responsabilité de tout ce que justement il dénonçait. Je dois avouer que cette analyse peut sembler juste mais je l’ai toujours trouvé trop facile, et propre à de piètres stratèges. Moi je trouve qu’il était plutôt courageux, et avait choisi son option stratégique, qui était de combattre sans fuir, sans renier son engagement politique. Beaucoup ne l’interprétait pas ainsi, et croyait que la seule action possible quand on critique est de quitter le parti. Si tout le monde devait fuir un environnement parce qu’il n’était pas plaisant ou qu’on y  trouvait des choses invivables, on serait encore à l’âge de la pierre taillée.

Il a voulu donner un sens au renouveau, donner un sens à la rigueur et la moralisation,  les valeurs du Renouveau, mais il a été victime du Renouveau.

La plupart des hauts fonctionnaires de l’Etat sont des fils de paysans.

Le pouvoir les a fait oublié leurs origines.

L’argent aussi leur a donné un sentiment de puissance, juste un sentiment.

J’ai toujours pensé que le pouvoir et l’argent étaient semblables aux armes. Personne dans la vie n’accepterait donner des armes à des individus qui ne savent pas les manier : ce serait un danger pour eux et pour la société. Pour pouvoir les utiliser, chacun admet qu’il faut passer par un entrainement, et à la fin de cela, être certifié dans l’ aptitude à l’utiliser; et cela ne recouvre pas seulement l’aptitude technique, mais aussi l’aptitude psychologique pour analyser la situation et savoir dans quelles conditions faire appel à l’arme.

Le pouvoir et l’argent n’ont pas de cursus, pas de formation ni d’entraînement à leur maitrise. Posés entre les mains de certaines personnes, elles se transforment en monstres et tyrans.

Fort heureusement, tout a une fin. Comme Charles le disait, le Renouveau sera jugé, le bilan sera fait, loin des zélateurs et courtisans qui manient à fond la langue de bois. Ceux qui s’évertuaient à combattre leurs frères, en estimant que la vie leur a tout donné et qu’ils pouvaient dans ce cas être sourd aux cris des autres, se réveilleront bien un jour. Ils finiront anonymes face à l’histoire, comme leurs proches et enfants qu’ils envoient à l’étranger continuer leurs études, croyant leur donner une solide assurance pour l’avenir. Des siècles d’histoire sont là pour nous apporter sans cesse des enseignements : c’est chez soi qu’on a la meilleure hospitalité. Tu l’avais compris Charles et tu te battais pour balayer ta maison, le Cameroun, pour y dormir en paix.

Que la terre de nos Ancêtres te soit légère Cher Charles.

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